Solitude et insouciance...

Seithra frissonna sous l'air glacial, et enfila rapidement ses mitaines bien chaudes et noires. Rabaissant sa capuche sur sa tête, la jeune fille mit son sac en bandoulière et ferma la porte de son appartement. Il était tard, son père dormait.
Ça y est, c'était fait, ses parents se sont divorcés, et séparés. Que de moments horribles...
Pour une fois dans sa vie, une fois n'est pas coutume, Camille apprécia la chaleur de son manteau de laine gris, qui la protégeait bien. Elle se faufila dans la nuit, pressée d'aller dans la forêt, se transformer et hurler sa peine...
Soudain, une odeur humaine emplit ses narines. Seithra la suivit, dans une ruelle sombre.
Tout d'abord, elle décida de ne pas se montrer, puis, n'entendant plus rien, elle s'avança, curieuse.
Un garçon de son cours de français, dont elle avait oublié le nom, était assis là. En entendant ses bruits de pas, il se leva d'un bond. Un coup de vent fit basculer la capuche de la jeune fille, et le jeune homme parut la reconnaître. Il dit:

- Euh... salut! Seithra, c'est ça?

Il se passa une main dans les cheveux, et Camille le regarda un instant avant de répondre:

- Ouais. Pi toi, j'ai complètement oublié ton nom... Qu'est-ce que tu fais ici, si tard?

Ce gars n'avait pas intérêt à lui dire "je pourrais te retourner la question" elle était pas d'humeur...

- Azerty Widmore.

Ah, oui, ça y est, elle se souvenait! Le gars à la mémoire photographique qui énervait tant les professeurs... Pas étonnant qu'il se souvienne du nom de la jeune fille!!
Il retourna s'asseoir contre le mur de la ruelle. Seithra frissonna de nouveau, essayant de ne pas trop exagérer. Elle aurait pu sortir en maillot de bain dehors, mais bon, un peu m'as-tu-vu, non?

- Je suis ici pour me vider la tête. Je suis con, parce que je me les pèle, mais j'ai aps envie de rentrer.

Il sembla songeur après cette phrase, et Camille n'hésita qu'un quart de secondes avant de venir s'asseoir près de lui, la tête appuyée contre la pierre froide.

- Moi aussi, j'ai des problèmes. On fait un échange, je te raconte, tu me racontes?

Etrangement, la jeune louve se sentait confiante avec Az'. Il semblait effectivement perdu.
Soudain, son coeur s'ouvrit en grand pour le jeune homme près d'elle.
A ce stade de l'imprégnation, laissons Seithra décrire ce qu'elle ressent...

Seithra vint s'asseoir près de moi. Je l'observais discrètement. Cette fille m'atirait, c'était clair. Mon esprit était embrumé par ses yeux gris, et son sourire moqueur, qui s'estompa un peu lorsqu'elle dit:

- Moi aussi, j'ai des problèmes. On fait un échange. Je te raconte, tu me racontes?

Je soupirai. Je n'avais pas réellement envie, mais je compris qu'en la regardant me poser la question, je le lui dirai. Alors, je pris une grande inspiration, et commençais à parler, les mots s'arrachant de ma bouche:

- On va faire court. Je suis maudit, et tous ceux qui m'approchent meurent, excepté mon frère. Mon père s'est pendu au grenier, ma mère s'est suicidée en s'ouvrant les veines et en avalnt des médicaments. Ma tante a eu une crise cardiaque quand nous sommes allés vivre chez elle, mon frère et moi. Aujourd'hui, on a une grande maison pour nous tous seuls, mais on a nul part où habiter.

Je me tus, ravalant les larmes qui menaçaient de sortir. Oh, nan, pas ce soir, pas avec cette fille! Pas du tout le moment. J'ajoutai, sarcastique:

- Pi, après tout, c'est peut-être génétique...

Je soufflai de nouveau, et un nuage de buée sortit de ma bouche, pour se perdre dans l'air.

- Pi après tout, c'est peut-être génétique.

Après le récit d'Azerty, je ne savais plus quoi dire. J'étais pétrifiée.
Puis, je choisis de lâcher quelques mots, pas forcément appropriés:

- Ouah, c'est morbide...

Je me tournai vers lui. Ses yeux noirs me scrutaient, ses cheveux bruns roux tombant en mèches désordonnées sur ses prunelles et son front.

- Bon, ben c'est sûr que moi, d'un coup, ça devient un peu plus... normal. Enfin, façon de parler.

Oui, façon de parler, en effet. On ne pouvait pas dire que ma lycanthropie était normale.

- Mes parents se sont juste divorcés... et je me retrouve seule entre les deux.

Oui, c'est sûr, c'est pitoyable. Je vis soudain qu'il avait froid, et je souris, tout en retiant mes mitaines.

- Regarde.

Je posai le bout de mes doigts sur sa poitrine glacée, et je la sentis se réchauffer tout doucement, grâce à la chaleur anormale que dégageait mon corps.

- Ouah, c'est morbide...

Je souris à sa remarque. Au moins, elle ne m'énervait pas avec tous ces "Toutes mes condoléances!!"
Elle me raconta alors que ses parents étaient divorcés. Oui, c'est sur que pour le coup, je crois qu'elle est bien contente que ses parents ne soient que divorcé.

- Regarde.

Elle retira ses mitaines, et approcha sa main de mon torse, pour y appuyer ses doigts. Une douce chaleur m'envahit soudain, ses doigts étant chauds.
Prit d'une soudaine impulsion, j'attrapai sa main et la collai contre ma poitrine, la chaleur s'accuentua. Je lâchai tout de suite sa main, lui laissant la liberté de se dégager.

- Comment ça se fait que tu sois aussi chaude? Enfin... que ta peau sois si chaude?

Malgré moi, je rougis sous ma remarque, d'où ne pointait pourtant aucun sous entendu.

Mes doigts toujours sur sa poitrine, je le regardai, lorsqu'il me déstabilisa en attrapant ma main, et plaquant ma paume sur son torse. Ok, t'as froid, mais calme tes ardeurs, mon vieux! Il lâcha la main, tant mieux, je voulais pouvoir l'enlever à tout moment. D'ailleurs, je me trouvai un peu cruche, comme ça, une main sur son T-shirt, alors je la retirai, et ré-enfilai ma mitaine.

- Comment ça se fait que tu sois si chaude? ( QUOI ? ) Enfin... que ta peau soit si chaude. (ah, je préfère ça!!)

Je fis semblant de réfléchir un peu, mais mon cerveau tournait à toute allure pour trouver un mensonge plausible.

- Ben, ch'ai pas. J'ai le sang chaud, c'est tout.

Je remarquai alors qu'il avait rougi. Surement à cause de sa remarque. Bah, t'inquiète, mon vieux, j'ai pas pensé une seconde à ça...
Je me levai, puis je lui tendis la main pour qu'il en fasse autant.

- Bon, ben c'est pas tout ça, mais faut que j'aille dans la forêt, moi! Enfin, je voulais dire, chez moi, bien au chaud...

Quelle idiote, non mais quelle idiote!
Je sus tout de même que il y avait un problème, dans l'attraction que ce gars exerçait sur moi. Mais merde, à la fin, c'est censé être rare, l'imprégnation, c'est pas juste que ça me tombe dessus, aujourd'hui surtout! T'façon, j'ai jamais eu de veine, dans la vie... déjà que les vampires existent et sabotent le monde, voilà que y a mon imprégnation, dans cette fichue ville de Forks, et qu'elle se pointe ce soir!
Nan mais j'vous jure, c'est à se tirer une balle, ça...

Je sursautai, en voyant Seithra se lever, puis prendre congé. Elle me tendit la main.
Je l'attrapai, et me relevai. Je passai une main dans mes cheveux, puis dit:

- Ah, ouais... ben moi j'vais m'balader autre part, j'ai pas trop envie de rentrer chez moi. Ben, salut...

Je souris maladroitement, puis m'éloignai. Pensant soudain à un truc, je me retournai, et fis:

- Mais, attends... tes parents se sont divorcés, mais tu habites chez qui, en ce moment?

Je lui souris, puis me dis qu'elle n'avait peut-être pas envie de répondre. J'ajoutai:

- Enfin, non, désolé, je n'aurais pas dû demander ça, excuse moi, c'est impoli.

Je reculai. Ouach, je suis pas doué ce soir!

- ... excuse-moi, c'est impoli.

Je m'étais figée: il s'excusait de m'avoir posé une question! Je ris aux éclats, puis m'approchai d'Az'. En feignant l'insouciance,* et la désinvolture, je répondis:

- Je suis chez mon père, ce mois-ci. Ne t'inquiète pas, ce n'est pas si indiscret.

Je laissai le silence un peu planer, j'étais gênée. Je tordai mes mains, légèrement anxieuse. Non, décidément, l'imprégnation, c'était pas mon truc. Ben oui, quoi, imaginons qu eje lui plais aussi, résultat, on sort ensemble, et moi, je suis un loup-garou, bon sang!!!! Je ne peux pas lui balancer, comme ça: "Ah, oui, fallait que je te dise, mon chou: je suis une bestiole à longs poils, au fond de moi"
Ouais, super. Bon, faut parler, maintenant.

- Et toi, quand tu te promènes, tu vas où ?

Ouah!! La question qui tue. Ca me gênait encore plus. Je crois que je devrais faire des efforts questiion interrogation. Je serais pas flic, moi c'est sûr.